Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 06:00


A quatorze heures, je descends de la gare routière de Lahore où l'agitation est égale à celle d'une grande gare ferroviaire. Demain, je dois me rendre à l'ambassade d'Afghanistan pour obtenir un visa de transit. Cette nuit, je ne dormirai pas dehors. Je descends à l'hôtel Banian pour retrouver un vrai lit que je n'ai pas connu depuis un mois.

L'ambassade n'est pas encore ouverte. En attendant à l'extérieur comme d'autres routards, je fais la connaissance d'un jeune anglais de mon âge: grand, cheveux à la Polnareff, il s'appelle Dave. La porte s'ouvre enfin, hélas c'est pour s'entendre dire que le bureau administratif est en grève et que nous devons repasser demain.


Après une deuxième nuit obligée à Lahore, j'obtiens mon visa en fin de matinée ce qui va me permettre de prendre un train pour Peshawar en tout début d'après-midi. Alors que je m'apprête à faire la queue au guichet, je rencontre Dave qui part au même train que moi. Nous ferons la route ensemble.


Il est vingt heures lorsque nous arrivons à Peshawar. Sur le chemin de l'hôtel, près de la gare routière, Dave achète à un vendeur ambulant de la canne à sucre coupée en morceaux. C'est la première fois que j'y goûte. Il suffit de mâchouiller un morceau pour en extraire le jus sucré. C'est un délice et quel punch!


Il est très tôt quand l'autobus de Kabul s'arrache du terre-plein poussiéreux et prendre aussitôt la direction des zones tribales. A la plaine verdoyante de Peshawar succède maintenant la chaîne de l'Hindou Kouch où nous rencontrons un automne précoce. Rapidement, les feuilles des arbres passent du vert au jaune et le ciel se grisaille. Près de la frontière de Torkham en pays Pachtoune, on s'engouffre dans la fabuleuse Khyber Pass, lieu mythique de l'Ancien Empire Britannique des Indes.

        
                L'hiver est là maintenant, les feuilles des arbres ont disparu et la population est emmitouflée de la tête aux pieds. La buée a envahi les fenêtres du bus. Notre piste traverse Djalâlâbâd et pénêtre dans les gorges étroites creusées par la rivière Kabul pour déboucher sur le haut plateau de la capitale. A l'entrée des faubourgs, la piste longe l'immense campement des caravanes en provenance du Ferghana, du Turkestan, de Samarkand, de Balbek et du Badakhchân. Des centaines de dromadaires au pelage d'hiver paissent une maigre steppe poussant autour des yourtes et des tentes en poils de chèvres noires. Des enfants ficelés dans des sacs de laine se réchauffent en courant derrière des chevaux. La neige est tombée ces jours-ci. La terre battue détrempée s'est transformée en un énorme bourbier.

J'ai plaisir à retrouver Kabul et l'Afghanistan. C'est une ville et un pays d'un autre siècle qui me rappellent beaucoup la vie du moyen-âge. Dehors, il fait un froid de canard. Autour de la ville, les montagnes dentelées sont couvertes d'une pellicule de neige. Il est difficile de marcher sans se couvrir de boue. Dave m'a quitté, il a pris le bus pour Kandahar dès notre arrivée, quant à moi, j'ai l'intention de rester une semaine à Kabul.

Je retrouve le Nour. Le jardin de l'hôtel est endormi dans le froid de l'hiver et le manager a déserté son kiosque pour s'installer à l'intérieur des bâtiments. L'activité n'a rien de semblable à celle de cet été. Le routard semble être entré dans une léthargie contagieuse. Les chambres ne sont pas chauffées et la toilette s'effectue toujours à l'extérieur lorsque l'eau du robinet n'est pas gelée.


Mon petit pull à col roulé et ma veste américaine ne suffisent plus à me réchauffer. Je dois rapidement faire l'achat d'une moumoute de laine épaisse qui ne manque pas dans la rue des fourreurs. Toutes les échoppes, alignées les unes contre les autres, en proposent de toutes sortes à des prix plus que raisonnables. J'en choisis une brodée de fils de couleurs. Elle est bien épaisse et très confortable. Je l'emporte pour cinquante francs (7€50) et en profite pour acheter le gilet de la même texture. Me voilà armé contre la froidure, désormais seuls mes pieds posent problème. Ils ont bien guéri depuis les soins de Ferozepore mais ce sont mes Clarks qui donnent des signes d'extrêmes fatigues. Elles commencent à s'ouvrir sur le devant et laissent passer l'eau et la boue. Je dois faire avec car il ne me reste que soixante-dix francs (11€ environ) pour rentrer.


Enveloppé dans mes vêtements chauds, je passe désormais des nuits plus confortables. Mes journées s'écoulent au bazar que je ne me lasse pas de visiter. J'en profite à chaque fois pour passer à la poste où j'espère recevoir des nouvelles qui me font défaut depuis plus d'un mois.


Les huit jours se sont vites écoulés et demain matin, je reprendrai l'autocar pour Hérat situé à onze cents kilomètres au sud-ouest du pays.

Je quitte également Kabul avec beaucoup de peine, Je suis triste. Au travers d'un trait tracé sur la vitre embuée, je regarde s'éloigner les dernières maisons de la ville. L'autocar file droit devant, prenant toute la largeur de la chaussée. Comme à l'aller, un repas est pris à la citadelle de Ghazni. Le soir même, à la nuit noire l'autobus descend les voyageurs au caravansérail de Kandahar.

Je règle ma nuit à l'aubergiste et dépose mon sac sur la natte qui m'est réservée dans une salle commune. Une fringale me décide à monter manger un palao (pilaf) à la cuisine de l'auberge. Pénêtrant dans la petite pièce qui sert de salle à manger, je tombe nez à nez avec...


Partager cet article
Repost0

commentaires