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20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 11:10

 

Y O U G O S L A V I E


-11 juillet 1968:
Trieste n'est pas encore réveillée lorsque je rejoins la sortie de la ville.
Un couple de français d'une quarantaine d'années me conduit à bord d'une ami 6. A Kozina, le poste frontière, j'obtiens un premier cachet sur mon passeport. Pendant que mon conducteur s'affaire aux formalités douanières, je convertis le reste de mes lires en dinar.

 

La Slovènie montagneuse est traversèe sous un soleil de plomb. Je contemple au loin un immense lac flanqué au milieu de collines semi-arides. La route pour Agram (Zagreb) en Croatie est longue et sinueuse.  Zagreb est le terminus du couple. C'est ici que convergent les routes des pays du nord et du sud de l'Europe. Sur la route de Belgrade, rattrapée après une longue marche, une surprise m'attend. Une trentaine d'auto stoppeurs en couple ou solitaire poirotent patiemment. Sans aucun doute, certains sont là depuis la veille. Quelques-uns dorment au pied de leur sac, d'autres bouquinent pour tuer le temps en ayant soin d'avoir placé un morceau de carton au sol indiquant "BELGRAD".
      Après réflexion, je décide de remonter la file pour me poster beaucoup plus haut. J'ai déjà remarqué que lorsque des auto-stoppeurs se placent trop près les uns des autres, le conducteur hésite à s'arréter.
    La circulation est calme. Selon toute vraisemblance, la Yougoslavie possède peu d'automobiles, le pays est assez pauvre. Au bout de plusieurs bornes, je me retrouve seul, sans un chat à l'horizon. Cette route de Belgrade, les yougoslaves la nomment "autoroute". Pour sûr ! Elle est presque aussi large qu'une nationale française.
       Ma solution s'avère la bonne. Peu après ma longue marche, une voiture stoppe. Deux hommes me font parcourir une centaine de kilomètres sur les quatre cent cinquante séparant Zagreb de Belgrade. Vers dix-neuf heures,
l'auto se gare devant un routier où mes compagnons m'invitent à dîner. Sans me faire prier, nous passons au fond du restaurant prendre place.
      J'ai une dalle terrible. Un de mes compagnons s'en aperçoit et me propose un second plat. Le pain est bon. Avant de quitter la table, je récupère discrétement tous les morceaux restant au fond de la corbeille pour les mettre dans mon sac à dos avec deux petites bouteilles de coca qui me sont offertes.

      Encore un bout de chemin ensemble et je suis de nouveau seul sur le bord de la route. Un camionneur s'arrête, je grimpe dans la cabine et hop! C'est reparti. Nous roulons un bon moment en Croatie. Mon chauffeur fatigué s'apprête à passer la nuit dans un motel. L'engin se gare alors sur une immense esplanade encombrée d'énormes poids lourds. Je descends du camion avec les salutations d'usage et je longe la route pendant une centaine de mêtres. Dans la nuit obscure, je devine un champ parsemé de quelques arbres. Je m'engage à tâtons dans de grandes herbes et m'enfonce loin de la chaussée pour passer une nuit tranquille.

      A l'abri des regards, j'étale ma toile de fond sur le sol pour me préserver de l'humidité.
Mon sac à dos me sert d'oreiller. Je dissimule mon couteau sous la toile à proximité de ma tête au cas où je serais amené à dissuader. Avant de m'allonger, je retire mes Clarks et les laisse dans l'herbe. J'enfile mon treillis et m'enroule dans ma petite couverture sans oublier, comme d'habitude, de passer un bras dans la bretelle du sac. Serein, un profond sommeil m'envahit.

 

 

 

 

 

 


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