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20 août 2007 1 20 /08 /août /2007 05:40

Mes deux compères m'emmènent à l'hôtel Continental, celui dans lequel ils sont descendus à l'aller. Il se trouve pratiquement en face de celui où j'avais loué une chambre avec Eddo. Cet hôtel est un peu plus confortable et plus grand. Nous présentons nos passeports au manager et réglons la première nuit.

Dans une lettre à mes parents je raconte mes retrouvailles et leur confirme que je devrais être à Montargis pour le 28 décembre. Sans tarder, nous devons nous mettre au travail en pratiquant la manche de la même façon qu'à Istanbul. Un jour sur deux, nous alternerons les équipes et nous opérerons dans le quartier résidentiel "Chémirânt".

Iran-Teheran-1.jpg

En début d'après-midi, je commence seul la manche. C'est un boulot ingrat mais je n'ai pas d'autres moyens. Je dois foncer. Je prétexte un retour de voyage aux Inde, ce qui est vrai, avec des difficultés pour rentrer en France. La plupart de ceux que je contacte, parlent un excellent français appris durant des études passées à Paris. Je récolte quelques rials, tout juste de quoi me payer un sandwich et mon lit d'hôtel. En tout cas, c'est nettement insuffisant pour en mettre de côté, je persévère.
teheran-tochal.jpg

Le temps est beaucoup moins froid qu'à Kabul, sept à huit degrés avec un ciel gris et humide. J'aborde un homme du style haut fonctionnaire et lui explique ma requête.

- Pas de problème >>, me dit-il. - Cependant, je dois repasser à mon bureau, venez avec moi.

Perplexe, j'accepte quand même de le suivre. On ne sait jamais, c'est peut-être une bonne occasion qui se présente. Un taxi est arrêté, la direction des quartiers d'affaires est prise. Le chauffeur nous descend au pied d'un immeuble de vingt étages. La course est payée et je suis invité à suivre l'homme à l'intérieur du bâtiment. Le hall moderne est désert. Il est dix-sept heures, tout le monde a quitté son travail. Nous montons en ascenseur jusqu'au dernier étage. N'étant pas trop à l'aise, je ne pose pas de question. Au fond d'un grand couloir moquetté, mon bienfaiteur ouvre une porte de bureau, celle du directeur général de la firme. Convié à passer devant, j'avance au milieu d'un grand salon de travail quand j'aperçois notre homme refermer la porte derrière lui en tournant la serrure à clé. Aïe! Aïe! Aïe! que je n'aime pas ça! Une grande baie vitrée donnant sur la ville éclaire la pièce. Sur un signe, je m'assieds devant un ministre au fond du salon.

          Homme de la cinquantaine au look européen, le DG s'assoit dans son spacieux fauteuil. Il désire me connaître un peu plus et me questionne sur les motifs d'un tel voyage, sur le problème des jeunes en France, sur ma littérature et sur les relations que j'ai avec mes amis. Je vois bien où il veut en venir et je me sens fait comme un rat. La porte est fermée à clé et nous sommes seuls. J'essaie de ne rien faire apparaître de mon inquiétude mais je ne vois pas comment m'échapper de ses griffes. Il entre alors dans le vif du sujet (jeu de mots bien entendu) en me demandant d'être conciliant. A cette condition, il m'aidera à poursuivre mon retour. J'opte pour la fermeté tout en essayant de garder mon sang-froid. J'essaye de philosopher sur le comportement de chacun en concluant qu'en ce qui me concerne, je ne suis pas du tout attiré par ce type de relation. Il m'écoute en me fixant et m'interrompt de temps en temps. Pendant notre conversation, sa main tire lentement un tiroir du bureau. Il essaie de me déconcentré en jetant de temps en temps un coup d'oeil à l'intérieur. C'est sûrement un simulacre pour faire pression, mais peut-être y a-t-il réellement un révolver? Je sue à grosses gouttes, certainement qu'il s'en aperçoit et relâche la tension en me tendant un petit opuscule sur le sujet abordé. Il se ravise alors et repousse le tiroir en se levant pour aller ouvrir la serrure. Sacré dieu! Je respire un peu mieux.

- Levez-vous, nous en resterons là. Je vous raccompagne dans le couloir et vous souhaite bonne chance>>, me lance-t-il depuis la porte.

L'ascenseur refermé, je pousse un ouf de soulagement. Je l'ai quand même échappé bel.

J'ai hâte de me sentir à l'air libre et de rejoindre mes compagnons pour leur conter ma mésaventure. Avec cette histoire, j'ai quand même perdu une heure de manche sans avoir récupéré un seul kopeck.
          

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